6_ DA VINCI CODE sur MARC RAVALOMANANA


Washington détestait le projet de location de terrain de 1,3 millions ha aux Sud- coréens, Paris a vu d'un très mauvais œil l'expertise norvégienne sur l'exploitation du pétrole malgache, et le Vatican en a eu marre du trust protestant au plus haut sommet de l'Etat malgache.

C'est le « Da Vinci Code » auquel a eu droit le président Marc Ravalomanana et les Malgaches depuis un an, ayant abouti sur le coup d'Etat du 17 mars 2009 et qui a amené le pays dans le chaos

 Pour en revenir à la trame de cette histoire sordide où se mêlent haine, rancoeur, détestation, trahison, intérêts, gros sous, géopolitique, pétrole et religion…

Puissance agricole

Avril 2008, l'Etat malgache se fait approcher par des intermédiaires du géant sud- coréen Daewoo. L'objet des approches, la location de terrain agricole à l'industriel asiatique en vue de son exploitation pour la culture industrielle de maïs et de palmiers à huile dans un premier temps. Et dans une phase ultérieure pour la culture intensive de céréales en tout genre.

Le projet séduit le chef de l'Etat lequel ne rêve que de voir son pays devenir une puissance agricole à l'égal des pays américains et européens. Au demeurant, Dieu auquel il semble vouer une foi inébranlable, a pourvu l'île de tous les attributs pour y parvenir.

Mais les « serviteurs de Baal » ne l'entendent pas de cette oreille. A la bourse des céréales de Chicago, les traders se sont émus de voir que des clients Sud- coréens pourraient les échapper à plus ou moins brève échéance si le projet de Daewoo voyait un début de commencement. En effet, les céréaliers américains dépendent en partie des commandes asiatiques et ils ne sont pas prêts de lâcher pour si peu leurs clients.

Ratés

D'où la « fuite » dans la presse américaine, trop bien renseignée, du projet malgacho- coréen présenté de manière tellement ubuesque que même les « altermodialistes » comme l'association Survie sont tombés dans la manipulation.

A ce moment précis, le sort du président malgache était déjà scellé même si le projet n'était qu'au stade des études de faisabilité. Coïncidence ou non, les dossiers financiers de la Grande Ile présentés soit à Bretton Woods soit à Bruxelles ont commencé à connaître des ratés.

Alors que pendant sept ans (à partir de 2002), ils sont tous passés comme une lettre à la poste ! Autrement dit, l'Amérique a lâché Marc Ravalomanana lequel dans la foulée a autorisé l'octroi à un pétrolier chinois des blocs dans le périmètre de Bemolanga en vue de l'exploitation future du pétrole malgache.

Eva Joly

Avec les français, c'est du pareil au meme, voir pire. De notoriété internationale, les relations entre Marc Ravalomanana et ceux là n'ont jamais été bonnes. Les deux parties n'ont pas fait l'effort nécessaire pour y parvenir d'ailleurs. Au contraire, elles se sont fortement dégradées l'année dernière avec le renvoi de l'ancien ambassadeur Gildas Le Lidec. Ce qui déclencha aussitôt des représailles. Boudeuse, la France a attendu début 2009 avant de nommer son nouveau représentant.

Orgueilleuse, elle a tout fait pour que à travers l'Union européenne dont elle est l'un des principaux contributeurs, l'assistance à Madagascar soit suspendue pour cause de « mauvaise gouvernance. »

Mais il y a mieux. Les français n'ont pas apprécié l'affinité trop affichée entre Marc Ravalomanana et Eva Joly, cette magistrate franco- norvégienne qui a acquis une renommée internationale pour avoir démasqué la corruption chez Elf, ancêtre de Total, la société pétrolière qui a réalisé 12 milliards euros de bénéfices en 2008.

Lobbys

Elle est même accusée d'avoir conseillée au président Ravalomanana de recourir à l'expertise norvégienne dans la gestion du secteur pétrolier malgache. Ce qui n'est pas du goût de certains lobbys. Pour eux et pour d'autres, « pas question de travailler avec Ravalo et la Norvège quand le pétrole sortira du sous sol malgache. »

Il leur faudra dès lors se débarrasser du chef de l'Etat avant qu'il ne soit trop tard.

Tous les leviers et tous les canaux ont ainsi été utilisés pour renverser le président élu de Madagascar. Ce dernier a été trahi à tous les niveaux et jusque dans son très proche entourage, au gouvernement, à l'Assemblée et même à la présidence !

Car avant que l'or noir ne sorte de terre, ce sont les dollars et les euros qui ont coulé à flot pour arroser tout ce beau monde.

Rampe

Enfin et non des moindres, le N° 1 malgache est passé à la chausse-trappe du Vatican à travers l'église locale.

Le départ à la retraite du Cardinal Armand Razafindratandra a sonné le glas de ce protestant bon teint et fier de l'être mais qui a le malheur de siéger sur le trône dévolu depuis plus de quarante ans aux disciples de saint Pierre dans l'île, selon une règle non écrite.

La désignation de Mgr Odon Razanakolona, réputé proche de l'Arema et des dissidents du MFM, n'arrangea pas ses affaires. Son ascension à la tête du conseil chrétien des églises en début d'année donna une autre fenêtre de tir à tous ceux qui en veulent au chef de l'Etat.

L'archevêque d'Antananarivo s'est servi de cette rampe afin de lancer l'offensive sur Iavoloha et pour arriver à ses fins.

Pantins

La coalition de ses trois puissances tentaculaires a eu raison des velléités d'indépendance de Marc Ravalomanana.

Toutefois, pour préserver les apparences et afin de cacher leur jeu, ils lui reconnaissent du bout des lèvres le titre devenu vide de sens de président de Madagascar.

Pour preuve, ils ont condamné le coup d'Etat mais pas ses auteurs, ils ont dénoncé le putsch mais pas les putschistes.

Pour la simple et bonne raison que ce sont leurs pantins.



13/04/2009
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